Dernière mise à jour: 5 août 2016
Les possibilités d’investissements pour les entreprises françaises sont loin d’être épuisées en Roumanie
Dana Gruia Dufaut, Avocat Fondateur du Cabinet Gruia Dufaut
Quelles opportunités offre en 2016 la Roumanie aux investisseurs étrangers? La Roumanie garde-t-elle son attractivité?
Dans sa région, la Roumanie est une des meilleures places pour un développement à l’international des entreprises européennes et non seulement. Les arguments les plus forts sont ses performances économiques et les multiples opportunités d’affaires dans la plupart des secteurs de l’économie. Il n’est pas sans intérêt de souligner que, tandis que la croissance des grandes économies est passée de 1,8%, en 2014, à 1,9%, en 2015, soit le meilleur rythme depuis 2010, la croissance roumaine pendant cette même période a été de 3,4 - 3,5% du PIB, bien au-dessus de la moyenne européenne et de sa région. Ensuite, pour les européens, investir en Roumanie veut aussi dire profiter de la liberté de circulation à l’intérieur du marché unique, être présent sur le premier marché dans l’Europe de Sud-Est et le 2ème marché potentiel dans l’Europe Centrale après la Pologne.
En même temps, les prévisions pour 2016 sont optimistes en ce qui concerne l’évolution économique, sans perdre de vue non plus que sa fiscalité reste toujours attractive pour les investisseurs (Impôt sur le revenu au taux unique de 16%, IS de 16%, la TVA qui est passée au 1er janvier de 24% à 20% et passera à 19%, au 1er janvier 2017 ….). D’autres atouts du pays sont aussi importants: une main d’œuvre disponible à des prix compétitifs, une stabilité macroéconomique, une variété de ressources.
Enfin, le contexte de sécurité actuel au niveau mondial et la position de la Roumanie (traversée par 3 corridors de transport pan-européen: 4, 7 et 9 ce qui permet un accès facile au pays des Balkans, du Moyen Orient ou de CEI) a rendu le pays encore plus attrayant.
A quel type de problèmes juridiques se confrontent les investisseurs étrangers en Roumanie? Les investisseurs qui ont l’expérience du marché roumain savent-ils à quoi s’attendre, apprenent-ils facilement comment les choses vont en Roumanie?
Je poserais plutôt le problème en termes de “maitrise du système de droit roumain” que de “problèmes d’ordre juridique”. La Roumanie, en tant que pays membre, a une législation européenne et les grandes institutions du droit y sont présentes. Donc, le système de droit n’est pas complétement méconu aux investisseurs étrangers, français en particulier, mais ceux-ci doivent être bien avertis par rapports aux instruments qui ressemblent à ce que l’on connaît en France et qui diffèrent fondalement sur le fond.
Tout dépend en effet du cadrage juridique qui est fait pour chaque projet d’investissement. Il existe aussi certains défis qui tiennent, de la perspective des investisseurs, de l’application unitaire de la loi.
L’infrastructure de transport de la Roumanie représente un des problèmes fortement débattus par le milieu d’affaires. Comment peut-on dépasser cette situation? Quels sont les facteurs internes et externes qui devraient être stimulés en vue du développement de l’infrastructure?
L’infrastructure est malheureusement une grande tache noire sur l’image du pays aux yeux des investisseurs. Le paradoxe est que, même si la Roumanie est stratégiquement placée sur les routes de trois corridors de transport pan-européen, la classe politique de ces 25 dernières années s’est avérée incapable de mettre en place ces atous au profit du pays.
Ce qui est aussi décevant est le fait que le problème dans le cas de la Roumanie n’est pas forcement le manque d’argent, mais le manque de compétences de ceux qui ont géré les problèmes de l’infrastructure et de la corruption.
Les investisseurs exigent une législation claire dans le domaine des marchés publics, mais ils attendent aussi moins de bureaucratie, moins de corruption, plus de compétence de la part des autorités et plus de volonté politique.
L’image actuelle de l’infrastructure de transport donne la mesure de la difficulté pour la classe politique d’assurer des chances égales de développement pour toutes les régions du pays.
Qui est-ce qui peut immaginer de nos jous qu’un milieu d’affaires sain peut se développer dans un pays qui manque des routes rapides ou des autoroutes ? Qui peut accepter que pour parcourir en train une distance d’environ 150 km on peut mettre encore quatre heures….
Je ne pense pas avoir tort lorsque j’affirme que tout ce qui s’est passé jusqu’à présent – voire même la croissance spéctaculaire économique du pays – est dû plutôt à l’inértie, tellement le potentiel d’investissement est grand dans ce pays.
A présent, cependant, les choses ont beaucoup changé. Les investisseurs mesurent plus attentivement leurs projets d’investissements et sont plus exigeants. La Roumanie ne peut plus se permettre de perdre encore 25 ans pour construire 500 kilomètres d’autoroute. Le maintien au pouvoir des forces politiques et administratives doit être conditionné par la rapidité de mise en application des plans de construction d’infrastructures. C’est surtout le milieu interne qui doit se mobiliser et agir par rapport aux autorités.
Les entreprises françaises en Roumanie occupent une place importante parmi les investisseurs étrangers. Est-ce qu’on peut espérer à une augmentation de l’apport du capital français dans l’économie roumaine?
Les investissements français en Roumanie couvrent quasiment tous les domaines de l’économie et la plupart des grandes entreprises françaises y sont présentes depuis plus de 20 ans. Pourtant, les possibilités d’investissements pour les entreprises françaises sont loin d’être épuisées. Prenons le domaine de l’aéronautique, avec le dernier investissement dans l’usine d’Airbus à Brasov ou bien toutes les sociétés qui continuent de s’installer en Roumanie travaillant dans le secteur de l’automobile ou des nouvelles technologies. Recemment j’ai participé à Bucarest à plusieurs rencontres d’affaires organisées à l’initiative du bureau de Business France de Roumanie, entre de grandes entreprises françaises et roumaines dans le domaine du gaz et de l’énergie électrique. Voilà donc une multitude de secteurs où des projets de collaboration entre la France et la Roumanie peuvent démarrer rapidement.
Qu’est-ce que signifie pour vous la Fête Nationale de la France et comment doit-on agir devant la tragédie de Nice du 14 juillet ?
Le 14 juillet est un moment émouvant où les francais et leurs amis se retrouvent autour des symboles de la République Française: « Liberté, Egalité, Fraternité ». De nos jours, le 14 juillet est surtout l'occasion de festivités au succès populaire, mais ce jour a avant tout une signification historique qui renvoie à deux moments importants de la France. Il s’agit, premièrement, de l’épisode connu sous le nom de „la prise de la Bastille” (1789), la fameuse prison symbole de l’absolutisme. Cette date évoque ensuite la „Fête de la Fédération” (1790), lorsqu’à l’initiative du marquis de la Lafayette les „fédérations” constituées après la prise de la Bastille dans les provinces françaises, pour contrôler le mouvement spontané de 1789, se sont réunies en une structure dénommée la «Fédération nationale». La cérémonie officielle de la constitution de cette fédération, organisée à Paris, le 14 juillet 1790, afin d’apporter un semblant d’ordre et d’unité dans un pays en crise, exprime sur le plan symbolique l’aspiration à l’union nationale.
Malheureusement, le 14 juillet 2016 restera dans l’histoire de la France comme un jour noir où ses valeurs qui ont inspiré les démocraties occidentales ont été baffouées par des terroristes.
J’espère aussi que cette tragédie qui a frappé si violemment la France ambitionera le monde démocratique afin de mieux coordonner et accélerer leurs actions concertées contre le terrorisme.