Ultima actualizare: 30 iulie 2015
Les entreprises françaises ont une contribution importante au développement de l’économie roumaine
Entretien avec Madame Dana GRUIA DUFAUT, avocat fondateur du Cabinet GRUIA DUFAUT
Madame Dana GRUIA DUFAUT assiste depuis 24 ans les entreprises françaises lors de leur entrée sur le marché roumain. Née en Roumanie, mais formée en France, Dana GRUIA DUFAUT est une militante active en faveur du développement des relations entre la Roumanie et la France.
Que signifie le 14 juillet pour vous?
Le 14 juillet a avant tout une signification historique qui renvoie à deux moments importants de l’histoire de la France. Il s’agit, premièrement, de l’épisode connu sous le nom de „la prise de la Bastille” (1789), à haute portée symbolique, lorsqu’une réaction royale maladroite face à une initiative réformiste a attisé le mécontentement populaire, ce qui a entraîné la démolition de la fameuse prison de Bastille - symbole de l’absolutisme de l’ancien régime et de l’arbitraire. Cette date évoque ensuite la „Fête de la Fédération” (1790), lorsqu’à l’initiative du marquis de la Lafayette les „fédérations” constituées après la prise de la Bastille dans les provinces françaises, pour contrôler le mouvement spontané de 1789, se sont réunies en une structure dénommée la «Fédération nationale». La cérémonie officielle de constitution de cette fédération, organisée à Paris le 14 juillet 1790, afin d’apporter un semblant d’ordre et d’unité dans un pays en crise, exprime sur le plan symbolique l’aspiration à l’union nationale.
Le 14 juillet est devenu la Fête nationale de la France à partir de 1880, sous la IIIème République, qui visait à consolider les symboles républicains. Depuis, cela est devenu, également, une bonne occasion pour organiser des fêtes populaires, des bals et des parades militaires.
Cette année, pourtant, le 14 juillet a une signification toute particulière pour la France et les français …. les symboles « liberté - égalité – fraternité » devraient retentir encore plus, comme suite à la tragédie vécue au début de cette année après l’attentat de Charlie Hebdo. Ensuite, le thème choisi pour le traditionnel feu d’artifices de Paris attendu par les millions de français et téléspectateurs à travers le monde n’est pas du au hasard: «Paris accueille le monde». Cela anticipe 3 évènements majeurs pour la France en 2016: l’organisation à Paris de la Conférence sur le Climat (COP 21), l’accueil de l’Euro 2016 de football et la candidature de Paris pour l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d’été en 2024.
Pour répondre aussi à votre question, le 14 juillet est un moment de grande émotion pour moi, car c’est la Fête Nationale de ce pays qui est devenu le mien. C’est aussi un symbole de l’union et des ponts que je cherche à construire entre la France et la Roumanie.
Que signifie la France pour vous ?
La France est tout d’abord le pays qui m’a reçu ainsi que ma famille à bras ouverts, en nous mettant à l’abri de l’oppression communiste. C’est aussi ce pays qui a embrassé la diversité, qui nous a permis de préserver notre identité. J’ai suivi mes études en France, j’y ai aussi commencé ma carrière d’avocat et c’est en France que j’ai appris ce que cela veut dire la liberté d’expression, la liberté de pensée et d’esprit. Ma famille est en France, mes amis aussi. Il faut aussi dire que je me suis vite retrouvée « chez moi » en France, grâce à la diffusion de la culture française qui a été cultivée en Roumanie, en dépit du régime communiste, et plus particulièrement dans ma famille. J’appartiens à une famille pour laquelle l’espace français s’est avéré aussi un lieu de formation intellectuelle, surtout dans le domaine du droit et de la culture.
Où est-ce que vous sentez-vous chez soi ? En France ou en Roumanie ?
Chaque fois que je descends de l’avion à Bucarest ou à Paris, je me dis que je suis chez moi. Et tous les jours je me retrouve à faire des comparaisons entre la France et la Roumanie. Je vois le bon et le mauvais et je mets beaucoup d’émotion pour tout ce qui concerne ces deux pays. Je m’intéresse de la même manière de tout ce qui ce passe en Roumanie ou en France. Les gens me demandent souvent si je suis roumaine ou bien française et ma réponse est toujours la même: les deux à la fois. On ne peut pas perdre son origine, comme on ne peut pas renoncer à celle-ci sans perdre une partie de soi-même, même si pendant des années j’ai rejeté cela …. Mais c’était plus le régime communiste que j’avais rejeté, que mes origines ….
Comment appréciez-vous le développement de vos affaires en Roumanie les dernières années ?
L’installation de mon cabinet d’avocats en Roumanie n’a pas été programmée d’avance, tout est venu de façon naturelle au fur et à mesure que j’aidais les entreprises françaises à s’implanter dans le pays. Tous les dossiers que j’ai traités ont été autant d’incitations pour le développement de l’activité du Cabinet. Les bonnes nouvelles circulent rapidement et les clients qui ont été contents de nos prestations ont été les premiers à promouvoir le Cabinet parmi les entreprises françaises intéressées par la Roumanie. Le Cabinet a constamment développé ses affaires et élargi ses domaines d’intervention. A présent, nous avons une équipe de 14 avocats hautement spécialisés et habitués à travailler avec une clientèle internationale.
Comment caractérisez-vous les relations économiques entre la France et la Roumanie, dans le contexte de la francophonie ?
Traditionnellement, les relations entre la France et la Roumanie ont été bonnes, en dépit de certaines déclarations à tendance populiste qui ont parfois été reproduites dans la presse. La preuve de cette relation solide est donnée par les échanges économiques, mais aussi culturels et dans le domaine de l’éducation, qui se développent avec de bons résultats. Sur le plan des échanges économiques surtout, il faut noter la présence sur le marché roumain des principales entreprises françaises. La France est aussi le 4ème grand investisseur étranger en Roumanie. Les entreprises françaises ont une contribution importante au développement de l’économie roumaine.
Il y a un proverbe en français qui dit « Qui aime bien, châtie bien», dont la signification est que l’intérêt que pourrait avoir une personne, à un certain moment, de corriger les défauts d’une autre personne, est la meilleure preuve de l’amitié qui existe entre elles. Je trouve que cela caractérise très bien les relations entre la France et la Roumanie, basées sur des sentiments profonds d’amitié partagés par les deux nations tout au long de leur histoire.
Quelle est la chance de développement pour la Roumanie ?
La chance de la Roumanie ne peut être que les roumains. Le pays peut devenir une voix importante en Europe, si on arrive à stopper la migration des jeunes et des spécialistes vers l’Occident. Ce sont eux qui doivent être capables d’utiliser les fonds européens pour un développement rapide du pays. La chance du pays ce sont aussi ses ressources qui doivent être exploitées de manière intelligente et de façon durable. N’oublions pas la créativité et les performances que les roumains arrivent à avoir à l’étranger! Je me demande pourquoi ne pas canaliser toutes ces forces, ici dans le pays. C’est surprenant parfois de voir certains politiciens qui saluent le courage des roumains qui sont partis à l’étranger pour travailler, alors même que toute une classe politique n’a presque rien fait pour les retenir au pays et les faire croire dans l’avenir de leur pays.
Quelles seront, selon vous, les conséquences de l’actuelle crise européenne sur les citoyens européens ?
Une réponse à une telle question serait risquée même pour le plus expérimenté des économistes. Nous vivons encore pleinement la crise en Europe, car la Grèce tient depuis des mois la tête d’affiche au beau milieu de la Zone Euro, l’enfant chéri de la construction européenne. Ce qu’on peut raisonnablement prévoir est pourtant que les gouvernements vont envisager dorénavant des mesures en profondeur, respectivement des réformes du système financier par l’amélioration des réglementations dans le domaine du fonctionnement des marchés, de la coopération internationale. Les mesures à court terme, favorisées jusqu’à présent, et les politiques de l’austérité n’ont pas donné les résultats escomptés.
Et comme mot de la fin je souhaite partager avec vos lecteurs ce qui constitue aussi mon crédo …à savoir une phrase de l’historien et philosophe François Guizot : « Le monde appartient aux optimistes, les pessimistes ne sont que des spectateurs »
Interview publié par Bucarest Hebdo, No 24 (13 – 19.07.2015)